2014 05 17, LES TOXINES DE COLEY, UNE REDECOUVERTE POSSIBLE CONTRE LE CANCER.
Il y a quelques jours, une nouvelle agitait le monde médiatique médical, pour trop peu de temps hélas, les élections européennes étant passées par là. Pourtant cette nouvelle aurait mérité une grande attention, puisqu'elle concerne le cancer:
- "Une malade en phase terminale d'un cancer a été guérie par l'inocultation à haute dose du microbe de la rougeole". (info France Inter)
Cela fit tilt dans mon esprit, et me remit en mémoire les "toxines de Coley". La médecine me passionne, surtout les médecines traditionnelles, voire empiriques. Je possède les livres de pharmacie de mon grand-père et je m'y plonge souvent par curiosité et avec délectation. (ndlr: Déjà dans les années 1900, certains messieurs qui avaient une vie sexuelle agitée demandaient un dopant au pharmacien. Si ça ne s'appelait pas comme la petite pilule bleue, ça existait déjà!). Le traité d'Hildegarde de Bingen est en permanence sur ma table de nuit parmi d'autres ouvrages sur les infusions, décoctions et autres pommades... Les remèdes de l'époque font parfois sourire. Il fallait un sacré courage pour avaler les mixtures de cette religieuse allemande qui passe pour la créatrice de la phytothérapie. Les "sorcières" du Moyen-Age qui utilisaient la peau de crapaud ne savaient pas comment ça marchait, mais les découvertes scientifiques modernes peuvent désormais en expliquer le fonctionnement. On utilise couramment le venin d'abeilles ou de serpent pour lutter contre certaines maladies.
Dans mon dico, rien sur Coley, idem dans le Larousse Universel. Ne restait plus qu'internet, où j'ai trouvé une biographie et les résultats résumés de ses recherches.
Qui était William Bradley Coley? Né à Westerfield dans le Connecticut le 12 janvier 1862, il était chirurgien et spécialisé dans la recherche et la lutte contre le cancer au New York Cancer Hospital. En 1890, la chirurgie est le seul traitement connu contre le cancer. A l'époque on pensait que le cancer était peut-être d'origine infectieuse, et l'immunothérapie en était encore à ses débuts.
En 1890, Elizabeth Dashiell, une patiente du Dr Coley meurt d'un cancer des os. Bouleversé par ce décès, il cherche d'autres méthodes de soin. Il remarque la régression d'un cancer du cou, qui avait récidivé après plusieurs interventions, chez un de ses patients après une crise d'érysipèle. (Si vous voulez en savoir plus sur cette maladie, à vos dicos!). Il se rend à l'université de Yale, l'une des premières bibliothèques du monde et se lance dans la recherche afin de savoir s'il y aurait eu d'autres cas connus. Il en trouve. Koch, Pasteur et Behring font les mêmes constatations. Coley innocule des streptocoques d'érysipèle à des cancéreux pour déclencher l'infection. Il observe quelques rémissions, mais aussi des accidents. Il remplace alors les bactéries vivantes trop dangereuses par des germes inactivés sous forme de toxines qui prennent son nom.
Deux cas connus de guérison "prouvée": le 3 mai 1891, il inocule ses toxines à Mr Zola, qui guérit après une forte fièvre, et mourra 8 ans et demi plus tard. Le 24 janvier 1893, Jon Ficken subit le même traitement. Toujours après une forte fièvre, la tumeur régresse et en août de la même année, elle n'est presque plus perceptible. Il mourra en 1919 d'un infarctus. D'autres cas identiques sont répertoriés.
A partir de 1910, le directeur de recherche du Memorial Hospital, James Ewing, s'oppose à la poursuite des inoculations au profit de la radiothérapie nouvellement découverte. Coley continue malgré tout à utiliser les toxines qui donnent d'aussi bons résultats, parfois meilleurs, que les radiothérapies et les chimiothérapies. Il meurt le 16 avril 1936. En 1953, au New York Cancer Research Institute, malgré un don de la famille Rockfeller, Helen Nauts (née Rockfeller) ne réussira pas à les relancer. En 1965, les toxines de Coley sont abandonnées comme "remède non prouvé".
Dans les années 1970, à la lumière de solides études scientifiques, les soins du cancer par "hyperthermie" renaissent de leur cendre. Les scientifiques démontrent qu'une hyperthermie de 6 à 8° au dessus de 37°, maintenue plusieurs heures, est toxique pour les cellules de mammifères, et donc pour les cellules tumorales. En 1970, commencent les essais cliniques. Les modes d'action de l'hyperthermie et de la radiothérapie se révèlent complémentaires, l'hyperthermie renforçant l'effet de la radiothérapie. Il en est de même avec les médicaments de chimiothérapie. Grâce à des appareils utilisant les micro-ondes, les radiofréquences ou les ultra-sons, on chauffe de façon satisfaisante des tumeurs superficielles, ce qui améliore les résultats de la radiothérapie. "Avec la technique du sport intense, des bains de vapeur, des bains chauds et des toxines infectieuses, on peut avoir raison de tout cancer, surtout si ces techniques sont accompagnées d'autres thérapies de terrain comme on a pu le voir au congrés de Marcevol".
"La provocation de la fièvre de façon artificielle fonctionne pour la simple raison qu'une cellule cancereuse est plus faible devant la chaleur qu'une cellule saine". Ce mécanisme de la fièvre est semblable à la très forte fièvre utilisée en naturopathie. Grâce à un manuscrit appelé "Edwin-Smith", vieux de plus de 4000 ans, on sait que les egyptiens connaissaient le cancer et son traitement par hyperthermie à l'aide "d'une tige chauffée". Hippocrate en parlait déjà dans ses aphorismes, et à sa suite, plusieurs médecins proposeront de cautériser certaines turmeurs superficielles par le feu. (ndlr: Qui n'a jamais entendu parler des plaies cautérisées par des "pointes de feu"? Cela se pratiquait encore il n'y a pas si longtemps, j'en ai encore entendu parler dans les années 50). Il faudra pourtant attendre le 19ème siècle pour que l'hyperthermie trouve sa place dans les traitements des cancers. Bichat constate que "...il est vrai que la fièvre soit un instrument de guérison". On appelle ce soin par la fièvre la "pyrétothérapie".
"La grande chaleur provoquée par du sport intense, des infections ou l'hyperthermie est une arme redoutable que la cancérologie orthodoxe néglige. La chaleur fait murir la réponse immunitaire, active les macrophages et peut contribuer à faire "fondre" une tumeur et ses métastases".
Dans les années 1980, les chinois s'y intéressent au titre d'une "immunothérapie économique pour le ties monde". Des études récentes ont suggéré que les effets observés avec les toxines de Coley pouvaient être dus au facteur nécrosant des tumeurs.
Tout cela est bien technique, et vous vous doutez bien que je n'en suis pas l'auteur. Je n'ai fait que résumer (ndlr: Mon dico en a mal aux pages à force d'être retourné en tous sens pour trouver les définitions des mots scientifiques!) tout ce que j'ai pu glaner à plusieurs sources. Peut-être n'est-ce pas la panacée, mais s'il existe un espoir, même petit, de soulager ou de guérir, ce serait dommage de se priver de cette médecine. On peut faire désormais des essais sur des cellules, des expériences et des observations microscopiques que Coley n'a jamais pu faire. Nous serions fautifs de négliger chaque porte qui pourrait aider les médecins à éradiquer le cancer. Espérons que ces essais soient menés avec les moyens modernes dont on dispose et qu'on saura ainsi si les soins par les "Toxines de Coley", jumelées avec d'autres soins plus récents peuvent être efficaces et faire progresser les traitements actuels.
Comme vous pouvez le constater, je n'avais pas écrit depuis pas mal de temps, mais préparer cet article m'a pris beaucoup de temps en recherches. Bien que longues et parfois difficiles, ce fut passionnant et remarquablement intéressant. On demandait à un philisophe ce qu'il emporterait sur une île déserte: "Le rire". Je dis oui, mais je prendrais encore une autre chose: mes dictionnaires. Ben oui, sur les îles désertes, il n'y a pas internet!!!
J'espère que vous avez passé une belle fête des mères. Je vous souhaite une bonne semaine, portez-vous bien, à bientôt
